avec Marie-Pierre Salé conservateur en chef au département des Arts grphiques,
conférence en realtion avec l’exposition au Musée du louvre
La pratique du dessin en plein air, sur le motif, est bien attestée en France (comme en Europe) au XVIIème siècle et devient courante au XVIIIème siècle. Au XIXème siècle, cette pratique jugée indispensable à la formation des jeunes artistes ne cesse d’évoluer et prend une place capitale dans l’histoire du dessin. Les expressions «sur nature», «d’après nature», «sur le vif», «sur le motif» … ont cependant une signification très fluctuante, incertaine, désignant aussi bien le dessin d’observation ou d’étude scientifique que le croquis d’étude, l’exercice d’élève, le relevé d’architecte, le dessin militaire, le dessin de mémoire, les notes de voyage – ou le rendu à peine esquissé d’une impression fugitive… Le dessin sur nature se définit progressivement comme une œuvre en soi, une œuvre achevée ayant sa propre justification, sa propre finalité. Charles Daubigny peut ainsi publier , en 1861, les eaux-fortes du « Voyage en bateau » à partir de ses croquis sur le vif, relatant ses excursions sur le Botin, bateau-atelier qui lui permettait de travailler sur le motif , tout en naviguant sur la Seine et l’Oise. L’espace de l’atelier et le plein-air ne sont pas toujours des mondes distincts, et les artistes se situent souvent dans un va et vient entre les deux, l’œuvre de paysagiste Corot étant au coeur de cette indétermination. Si le sujet est bien distinct de celui de la peinture de plein air, la question de la couleur, prise directement sur le motif ou retravaillée en atelier à partir de notes de plein air, s’impose aussi au dessinateur.
L’exposition réunit plus d’une centaine de dessins et eaux-fortes, et permettra de voir une trentaine de carnets de croquis , instrument par excellence du dessin de plein air.
Commissariat : Marie-Pierre Salé avec la collaboration d’Hélène Grollemund